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Kategorie: Diagnostik | ICD-10
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troubleadapation

Introduction

Deuil, séparation d’avec un partenaire, changement de vie biografique de taille: voilà les déclencheurs d’un trouble de l’adaptation.

Les troubles de l’adaptation forment une catégorie diagnostique propre dans la classification internationale des troubles mentaux et du comportement (Le CIM-10). Ce diagnostique est très répandu en Psychologie clinique et en Psychiatrie. Cet article décrit les différentes formes du trouble de l’adaptation en conformité avec les critères psychopathologiques internationaux.

Selon la classification internationale des troubles mentaux et troubles du comportement, les troubles de l’adaptation forment une catégorie diagnostique conjointement avec les “réactions à un facteur de stress important”.  Les deux catégories sont codées ensemble sous F43.

Alors que les “réactions à un facteur de stress important” renvoie surtout au trouble “de l’état de stress post-traumatique” (codage F43.1), les troubles de l’adaptation sont multiples et renvoient à un large spectre de spécifications et manifestations diverses. Les troubles de l’adaptation sont assez fréquemment diagnostiquées. D’une part parce que ce diagnostique peut recouvrir un large champ de symptômes différents mais unifiés sous cette étiquette. D’autre part parce que ce même diagnostique peut décrire une symptomatologie assez adéquate pour bien des troubles qui ne se sont pas encore chronifiés ou davantage transformés, par exemple en trouble affectif comme la dépression.

Définition

Pour diagnostiquer un trouble de l’adaptation il y a lieu de pouvoir identifier “la survenue de symptômes au cours du mois suivant une exposition à un facteur de stress psychosocial identifiable, mais ne présentant pas un caractère inhabituel ou catastrophique” (A). Les symptômes dont on parle dans ce contexte doivent faire partie soit d’un trouble de l’humeur (mais sans idées délirantes), soit d’un trouble névrotique ou d’un trouble somatoforme ou encore d’un trouble de la conduite (B). Cependant, aucun des symptômes constatés ne répond, dans son ensemble, aux critères d’un de ces troubles (ICD-10, p. 94).

Les spécifications permettent de cerner différentes situations de patient répondant aux critères A et B mentionnés ci-dessus. Ainsi, il existe un trouble de l’adaptation accompagné par une réaction dépressive brève. Il s’agit là d’un état dépressif léger, mais qui ne doit pas persister au delà d’un mois (F43.20). Il existe également un trouble de l’adaptation accompagné par une dépression prolongée mais qui ne dépasse pas les deux ans suite à la survenue d’un événement stressant (F43.21). Ensuite le CIM-10 fait état d’une sous-catégorie appelée “réaction mixte, anxieuse et dépressive” (F43.22) ou encore “d’un trouble de l’adaptation avec prédominance de la perturbation d’autres émotions (F43.23)”. La définition “d’autres émotions” renvoient ici avant tout à des émotions comme anxiété, dépression, soucis, tensions ou encore colère. C’est une sous-catégorie qui illustre particulièrement la flexibilité inhérente à ce diagnostique, recouvrant un large champs de symptômes dont peut souffrir le patient.

Exemples

Quelles sont ces situations qui peuvent provoquer chez la personne la survenue de symptômes suite à “l’exposition à un facteur de stress psychosocial identifiable, mais ne présentant pas un caractère inhabituel ou catastrophique”? Ou autrement dit: A quoi se réfère-t-on quand on parle de “stress psychosocial identifiable, mais ne présentant pas un caractère inhabituel ou catastrophique”? Or, tout changement de vie important peut effectivement, chez l’un ou l’autre, selon sa vulnérabilité et ses ressources psychiques, sociales et matérielles du moment, provoquer une telle survenue de symptômes. La situation changeante induit alors un stress que le sujet ne peut plus surmonter sans efforts particuliers ou sans aide.

Prenons l’exemple classique de l’écolier qui durant sa première scolarité a toujours pu aller à l’école dans son village ou dans son quartier. Il a pu rentrer à midi pour manger à la maison. Le soir il a pu fréquenter, après avoir terminé ses devoirs, ses copains du village ou du quartier avant de rentrer et d’aller se coucher. Ce train-train a duré 5 ans. Du coup il a passé les examens pour aller au lycée. Ce lycée est dans une autre ville ou loin du quartier. Dès à présent, il doit se lever très tôt, il ne peut plus rentrer à midi, mais doit manger sur place. Les profs ne lui paraissent pas être sympa; il ne se fait pas facilement des amis, le soir il rentre plus tard et ne peut plus sortir voir ses copains d’antant car il a encore beaucoup de devoirs pour le lendemain. Bref, un grand changement dans cette petite vie d’écolier. Si cet écolier commence à déprimer, ne veut plus aller au lycée, ne ramène que des notes insuffisantes et qui, plus est, “provoque” des lettres du maître de classe avec à la clef des réunions de parent, il y a probablement lieu de parler d’un trouble de l’adaptation “survenue à l’exposition à un facteur de stress psychosocial identifiable, mais ne présentant pas un caractère inhabituel ou catastrophique”.

On pourrait répéter les exemples tels que “devenir père ou mère“, “se marier“, “se séparer de son conjoint ou partenaire“, “changement de poste de travail“, “déménagement dans un foyer pour personnes âgées” ou encore “le deuil“. Ce sont toujours des changements de vie tout à fait courants mais qui peuvent, par la force du changement ressenti, induire un état de stress tel que la personne concernée développe une symptomatologie qui correspond à un trouble de l’adaptation. Si celui-ci reste sous-cutané ou “larvé” pendant longtemps, il se peut que d’autres troubles se manifestent, partant d’un symptôme comme “état dépressif” à une vrai dépression dont l’origine extérieure, bien souvent, remonte à des changements de type adaptatif mais mal gérés. Dans ces cas, une aide professionnelle psychologique, notamment une psychothérapie, doit être de mise et envisagée sans délai.

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* Classification internationale CIM-10: Troubles Mentaux et Troubles du Comportement. Edition Masson (1994). Sous la responsabilité de l’Organisation Mondiale de la Santé, Genève.

Le CIM-10 est le livre standard de la psychologie clinique et psychiatrique pour diagnostiquer tout trouble mental ou du comportement selon des standards établis mondialement et constamment en évolution. Son “rival” est le DSM-IV, standard diagnostique développé aux USA et presque tout aussi répandu. En Europe, cependant, le CIM-10 fait généralement foi et contribue à une harmonisation du langage utilisé en Psychologie clinique et en Psychiatrie.